sergeDEFT fait son cinéma – (extrait de l’interview parue dans DIG IT !)

 Extrait de l’interview de sergeDEFT parue dans le fanzine  DIG IT ! # 68
octobre 2016
ISBN 1261-2261

Propos recueillis par Eric Jorda.

D.I. : On a causé musique, littérature mais le cinéma semble aussi important dans ton œuvre. La mise en page peut ressembler fortement à un script de cinéma. Te retrouves-tu dans cette proposition ?
S.D : […] La fréquentation d’une école de cinéma dans mes jeunes années en est certainement la raison. C’était pourtant dans un autre siècle, une autre vie ; plus précisément l’année suivant la sortie de Taxi Driver de Scorsese. Comme tu l’as remarqué, j’ai en effet simplifié le texte de DES LARMES COMME DES BANANES  en le réduisant par endroits à des indications succinctes de script. Pour garder le langage cinoche, ce sont souvent des inserts ou des changements brusques de focales – gros plan par-ci, zoom avant par-là. Le cinéma – un certain cinéma – est très présent dans mes écrits. Je décris par exemple Sentenza, le chaman, sous les traits de l’acteur Lee Van Cleef – avec une petite touche de Jack Palance, le vilain dans L’Homme des vallées perdues, un western de 1953. Sentenza est le nom du personnage interprété par Lee Van Cleef dans Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone en 66 ; un clin d’œil à toute cette « cuisine » italienne qui a nourri mon adolescence. Je dois reconnaître aussi mes « emprunts aux images » des bobines du dévergondé Russ Meyer (Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! ; Supervivens ; Mega vixens – Up ! ; Ultravixens) et aux dessins animés joliment farfelus de Tex Avery. J’ai pris aussi une bonne louche de kitch des premiers films de Pedro Almodóvar (Dans les ténèbres ; Attache-moi ! ; Kika). Les couleurs vives qui percent mes descriptions d’un milieu globalement très noir proviennent de là aussi je pense. Pour les « scènes d’action », je cherche à approcher, autant que faire se peut avec des mots, les effets utilisés chez Sam Peckinpah pour le traitement de la violence dans ce qu’elle a de plus spectaculaire (La Horde sauvage ; Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, deux monuments de nihilisme punk). Les coups de flingues sont ceux que l’on peut entendre à l’époque Hongkongaise de John Woo (The Killer ; A toute épreuve) avec pas plus de réalisme dans la capacité des chargeurs. Il faut que ça rafale ! Le réalisme, on s’en tape ! 

dig_it_68_cinema

 

 

 

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Clichés Impulsifs

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